Loop — Réplique

Avant tout le Loop est l’appropriation d’un contenue, l’Incomplete Manifesto for Growing rédigé par Bruce Mau. L’ironie est que la mise en forme de ce manifeste fut déjà, trois ans auparavant, pensé en terme d’édition par une vingtaine de jeune graphistes au sein de l’Erg.

Recyclage

La publication et le travail photographique qui en découla est ici notre matière première. Point de départ à un second travail de recyclage, trois ans après, entre les mêmes murs, à la lumière des mêmes fenêtre crasseuse (sinon plus). Cyclique dirons-nous. Ce projet par le processus et les intentions qu’il convoque, entends construire, une posture personnel par rapport au Manifeste de Bruce Mau. La problématique tourne essentiellement autour du rôle du designer graphique, son implication et son influence quand à la forme qui sera digérée, in fine par le lecteur. Pris à son propre jeu dans ce cycle de recyclage, le designer est ici lecteur/créateur. Lecteur du travail graphique qui fut conduit précédemment, tout autant que créateur en devenir de ce contenu qui fut organisé à son intention. Concrètement, il est intérréssant de contaté que le contenu du Manifeste tel que pensée par la précédente équipe graphique, fut pensée comme une mise en image, une interprétation univoque et personnelle de chaque maxime. Cela influence la pensée, la réflexion du lecteur. Sous cet impartial regard, il convient donc d’énoncer la posture adopté dans le Loop. Ainsi, le travail qui fut opérer ici relève plus de la déconstruction et du ré-agencement, plus que d’un traditionnel processus destruction/création. Et c’est ainsi que se dessine ici une posture complémentaire, ou une question ouverte quant au processus de création et ses influences déterminantes.

Reconstruction

Comme nous le corroborerons un peu plus tard, ce projet ne saurait prétendre à seulement etre apprécier sous un angle graphique, sur le champ du design graphique. Le processus de création tel que nous l’envisageons ici, se targue d’une définition plus universelle contemporaine. La stratégie la plus évidente pour feindre l’acte créateur ex-nihilo, serait de taire, de nier la matière source. Faire table rase du passé, l’oublier pour mieux mettre en valeur la soi disante création nouvelle. Ce qui est ici à l’œuvre au cœur du Loop, de manière outrageusement amplifié, est la reconnaissance et la préservation de l’intégrité du document source. Le rôle du designer est donc ici, à rapprocher d’un art de «la moindre mesure».

Le designer serait alors dependant de l’action d’agencer, de comparer. Cela ouvre sur une certain nombre de considérations qu’il nous parait ici utile d’exposer à la vas’y comme je te pousse : la stratégie de la moindre mesure, l’affirmation de l’existant et dans une plus large mesure, une philosophie à investir dans une société où le mythe de la nouveauté perpétuelle et consumériste se dispute la question de la viabilité contre le constat d’un épuisement des ressources. L’action de juxtaposer, ne saurait se satisfaire de ce qu’il engendre pour se prétendre créatrice, finalité.

Reflexion

Cette convocation de référence existante est à prendre comme un moment dans un mouvement plus grand. Cette étape favorise d’une part la réflexion sur l’essence même de cette juxtaposition, essence qui sera matrice maitresse à une nouvelle création plus autonome vis-à-vis d’un référent formel, car construit par un autre médium. En cela, le Loop Book est un moyen, un outils à l’élaboration d’une réflexion, ici, le texte que vous lisez.

Nous avons definie ce processus comme une action de juxtaposer, le terme d’action implique une dimension kinétique. Cela oblige à mettre les mains à la pâte loin des sentiers archi-battus des expériences de pensées et des paresseuses contemplations. C’est alors qu’apparaît le concept de sérendipité, de l’erreur. Car elle met sur la table l’impensable, elle devient créatrice. En ce sens, plusieurs tentatives ont était nécéssaire avant d’atteindre la forme imparfaite du Loop Book ici présenté.

Résumons

…et soyons concis. Le Loop car il donne à feuilleter un questionnement sur le processus précèdant la création, s’appréhende lui-même comme une objectivisation du processus créatif. Dans cette démarche de témoigner de ce processus et de laisser trace, il s’incrit dans la même démarche du contenu rédigé par Bruce Mau. De plus, son aspect formel induit une qualité propre et mémorable dans sa mise en matière. En claire, il plombe, il marque…

Nous partons donc d’un idéal (le Manifeste) et arrivons par un processus (la juxtaposition) à un résultat concret (un livre de 4 kilos). Enfin, le Loop est croc en jambe orgueilleux, face à une matière première, objet de lecture, dont la qualité est intimement lié au procédé d’impression et de diffusion moderne. Agencé à partir d’un paquet entier de journaux ficelé entre eux. Avouons le, la raison qui determina la quantité de journaux présent par paquet, et donc influenca les dimensions de ce livre, cette raison nous reste profondement enigmatique.

Anyway !

D’objet multiple, le Manifesto prend ici la forme d’un objet unique, imposant tant par son poid, sa taille que la grossièreté de l’interaction qu’il créer avec le lecteur. Mais pourquoi former ce livre infini ? Pourquoi, cette juxtaposition reliée suivant un axe circulaire ? Pourquoi, sans aucun repère, sans première de couverture, ni quatrième, est-il impossible de venir formellement à bout de cette ouvrage ?

C’est ici, que nous convoquerons deux maximes de Bruce Mau.

«Begin Anywhere» «Repeat Again»

Le Loop est la représentation tout autant que la synthèse de chacune de ces deux notions. Équivoque.Peu etre que le LoopBook n’est rien d’autre qu’une absurdité. Sans doute… À l’heure où la question de la concentration des savoirs se pose avec une optique écranique, ce livre infinie impose à son contenue une mise en matère incontournable.C’est aussi, par sa démesure, un brique lancé contre le rapport de sacralisation que nous designer portons au livre de design. Pourtant le Loop est si moche…